La curiosité payante des dirigeants de Bois Laurentide

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Nous le constatons tous les jours, les manufacturiers sont sous pression. « On passe nos journées à éteindre des feux », explique l’un. « J’avais promis beaucoup de choses à beaucoup de monde, mais un de mes employés n’est pas rentré et j’ai dû annuler tout ce que j’avais de prévu », s’excuse l’autre.

Pris avec la gestion du quotidien, plusieurs renoncent à sortir de l’usine, certains éprouvant même, de leur propre aveu, un brin de culpabilité lorsqu’ils le font. Et cela se comprend.

Éric Joubert et Benoit Jutras n’échappent pas à cette réalité. Bien conscients de l’importance du réseautage et de l’entraide entre dirigeants, ils s’impliquent tous deux sur des conseils d’administration d’organisations manufacturières du territoire. Mais malgré tout, ils ont parfois du mal à sortir de l’usine : « Chez Bois Laurentide, nous avons à jongler avec la pénurie de main-d’œuvre. L’urgence du quotidien prend bien souvent le pas sur la réflexion stratégique. On va à la solution la plus simple, la plus vite, jusqu’à ce que ce que se présente un autre problème à résoudre le plus simplement, le plus rapidement. »

Malgré un horaire chargé, ils ont décidé de prendre un après-midi pour aller visiter l’usine de Cascades, à Kingsey Falls, avec les Manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec (MMCQ). « Le père de Benoit venait de prendre sa retraite. Il avait toujours rêvé de visiter Cascades, c’était un cadeau que nous avions envie de lui faire. Nous nous y sommes donc rendus tous les trois », explique Éric.

C’est donc avec quelques problèmes en tête, dont une demande de la CNESST pour mettre en œuvre un plan d’action concernant l’une des machines de l’usine que tous trois prennent la route de Kingsey Falls. Une des machines essentielles à la fabrication de blocs chez Bois Laurentide, nécessitant le travail de trois hommes, avait en effet fait l’objet d’un avis de la CNESST quelques semaines plus tôt.

Sur place, ils regardent les machines de la célèbre entreprise en fonction. L’une d’elles attire l’attention du trio. Un simple bras mécanique permet de repositionner les rouleaux de papier hygiénique. « Je me suis tourné vers eux et j’ai dit : « est-ce qu’il y aurait quelque chose à faire comme ça dans notre usine? » Les deux m’ont regardé, une étincelle venait de s’allumer dans leurs yeux », se rappelle M. Joubert

De retour chez Bois Laurentide, ils se mettent au travail. Avec 500$ de matériel et quelques heures de boulot, ils créent un bras mécanique qu’ils nommeront « Le Bras Laurent », en l’honneur du nouveau retraité qui le conçoit et l’installe sur la machine qui pose des problèmes de sécurité. Cette légère modification résout les problèmes de sécurité et permet maintenant d’opérer la machine avec un homme en moins. « Il fallait un homme installé derrière la machine pour repositionner les blocs de bois. C’est ce qui posait le problème de sécurité. Grâce au bras mécanique, le repositionnement se fait maintenant de lui-même. Nous avons donc besoin d’un homme en moins que nous avons pu affecter ailleurs grâce à cette visite chez Cascades. En pénurie de main-d’œuvre, c’est bienvenu! »

La visite a en outre inspiré le trio pour une révision complète de l’organisation de l’atelier, qui est maintenant « un espace « zen », aéré, lumineux et extrêmement bien organisé » selon la description qu’en font Éric et Benoit.

Einstein disait : « la créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse ». Pour peu qu’on laisse l’intelligence s’amuser, elle peut permettre d’économiser plusieurs dizaines de milliers de dollars et résoudre bien des problèmes. S’agit parfois de se laisser aller à une envie qui peut de prime abord sembler déraisonnable de « perdre » un après-midi de travail…

Pour en savoir plus sur les activités des MMCQ : mmcq.ca/evenements

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